A Kodansha, éditeur de mangas japonais, « notre politique est de toujours se renouveler »


Eminente maison d’édition japonaise née en 1909, Kodansha a aussi été l’orfèvre de chefs-d’œuvre et hits du manga tels qu’Akira, Ghost in The Shell, ou plus récemment L’Attaque des Titans. De passage à Paris fin mai, Satoru Matsumoto, vice-président et membre du conseil d’administration de la maison d’édition et Yohei Takami, directeur exécutif de la branche droits et business media, également à la tête du département des affaires en matière d’animation et jeux vidéo, ont répondu aux questions du Monde.

Satoru Matsumoto et Yohei Takami ont été éditeurs dans des magazines de prépublication de mangas de la maison d’édition Kodansha avant d’accéder à des fonctions de dirigeants.

En France, le marché du manga affiche des ventes historiques et connaît une grande vitalité. Qu’en est-il au Japon ?

Satoru Matsumoto : Le marché du manga au Japon se porte très bien, notamment depuis la crise du Covid. Certains éditeurs ont même connu des records de ventes. Les gens se sont quelque peu reclus avec la pandémie et lisent donc davantage, notamment au format numérique. Les adaptations animées ont également connu plus de succès pour les mêmes raisons. Chez Kodansha, plusieurs mangas ont non seulement connu un énorme succès au Japon, mais aussi à l’étranger dans cette période : L’Attaque des Titans et Tokyo Revengers. Chez nos concurrents, on peut citer Demon Slayer.

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La compétition est âpre entre les éditeurs français qui souhaitent acquérir des licences de mangas. Les contrats se nouent, semblent-ils, de plus en plus rapidement quand une série à enjeu sort. Comment percevez-vous cette dynamique en tant que détenteurs des droits de séries et de hits mangas ? Est-ce que cet état de fait a changé votre façon de collaborer avec les éditeurs étrangers ?

Satoru Matsumoto : Ça ne change pas tant que cela. Les éditeurs français ont toujours été présents et se sont positionnés sur nos titres. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que, par rapport aux autres éditeurs étrangers, les éditeurs français ont une histoire exceptionnelle avec le manga et une meilleure compréhension quand ils viennent nous faire des offres.

Il y a toutefois un changement. Auparavant, nous accordions les droits aux éditeurs tiers et cela s’arrêtait là. Maintenant, il existe une plus grande envie de collaborer avec eux sur la promotion, nous assurons davantage de suivi sur comment vendre l’œuvre en France, à destination de quel public, etc.

Yohei Takami : Jusqu’à maintenant, le marché étranger se concentrait surtout sur l’Asie (Corée, Taïwan, Indonésie, Thaïlande…), les Etats-Unis et la France. Ces pays restent toujours porteurs des plus grosses offres, mais on voit entrer de nouveaux acteurs. Nous collaborons désormais avec une vingtaine de pays au total, Asie comprise. Cette année, pour la première fois, est entrée en jeu l’Arabie saoudite. Côté Europe, on voit aussi émerger des pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Par exemple, pour ce dernier, les mangas ne s’y vendaient pas forcément, mais quand ont été mis en vente les premiers volumes de Tokyo Revengers en Espagne, il y a eu des queues devant les magasins, ce qui était assez inédit. Un engouement qu’on sent notamment depuis le Covid et qui nous a énormément surpris.

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